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LES DIFFICULTÉS COGNITIVES

Si la CIM-10 tente de définir l’autisme selon la triade autistique (interactions sociales, communication, intérêts restreints et répétitifs), d’autres classifications tel que le DSM-5 parle plutôt de dyade autistique en regroupant interactions sociales et communication.

Pour parvenir à trouver des solutions et élaborer des outils numériques d’aide à l’insertion, il faut commencer par bien identifier l’ensemble des symptômes et dérèglements cognitifs sur les différents niveaux de fonctionnement.

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Communication et interactions sociales : La communication ne se résume pas au fait de recevoir ou de transcrire un message. En effet, cela nécessite la prise en compte d’un bon nombre d’éléments tels que le choix des mots, la production et l’observation d’une gestuelle, le contenu de la communication ou encore le timing entre les tours de parole. Les déficits de communication et des interactions sociales se traduisent par des comportements particuliers. Tout d’abord, on peut observer une altération des comportements non verbaux (regard, gestes, expression du visage,...). En effet, tous ces comportements peuvent paraître incohérents dans une situation donnée: ils peuvent être atténués, voir inexistants à un moment où ils devraient justement se manifester, ou à l’inverse peuvent être exagéré (exemple: expression choc alors qu’un simple mouchoir tombe par terre). Le simple fait d’allier les expressions faciales avec son propre état émotionnel ou celui d’autrui peut demander un réel effort pour des personnes avec TSA.

 

Pour ce qui est du langage parlé, la communication est rarement utilisée comme un moyen d’interagir avec les autres dans le cas de l’autisme. En effet, elle se limite souvent à des fins personnelles (obtention d’un objet, d’une attention,…). En grandissant, les déficits communicatifs vont généralement se traduire par des intonations monotones, un non-respect des codes sociaux comme le contact visuel ou la distance interpersonnelle. D’un point de vue social, ces particularités vont rendre les échanges inadéquats et engendrer des difficultés comportementales et psychologiques chez les individus atteints.

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En plus de la production du langage, il peut y avoir des problèmes au niveau de la compréhension du langage. En fonction des personnes, il est effectivement plus ou moins difficile de percevoir les subtilités du langage comme l’humour, l’ironie, les sous-entendus ou tout ce qui fera appel à l’implicite.

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La théorie de l'esprit:  « avoir une théorie de l’esprit, c’est être capable d’attribuer des états mentaux indépendants aux autres et à soi-même pour expliquer et prédire le comportement. » (Rogé, 2008).  Dans l’évolution de l’humanité, cette théorie se serait développée à partir du moment où les interactions sociales sont devenues plus conséquentes et plus complexes. Selon Umphrey, l’homme aurait du rapidement développer son intelligence sociale afin de pouvoir vivre en groupe organisé. Ainsi, pour comprendre les états mentaux d’autrui, on définit 4 étapes nécessaires .

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Le détecteur d’intention est un mécanisme permettant d’interpréter les intentions primaires des individus. Si celui-ci est fonctionnel grâce à différentes modalités sensorielles (toucher, vision, audition), le détecteur de direction des yeux est une partie spécialisée du système visuel. Ces deux premiers mécanismes n’ont pas l’air d’être atteint chez des personnes ayant développé un TSA, dans la mesure où ils sont capables de comprendre qu’une personne agisse selon des désirs simple, mais également car ils sont capables d’identifier si une personne les regarde ou si elle regarde dans une autre direction.

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Pour ce qui est du mécanisme d’attention partagée, il permet de construire la représentation de la relation triadique entre deux individus et un objet ( ou un autre individu). Exemple: je suis dans une pièce avec mon ami, il voit que mon regard est fixé sur un objet, il va s'intéresser (ou non) à l’objet en question. Dans l’autisme,  ce mécanisme peut être déficient dans la mesure où les individus ne vont généralement pas avoir pour habitude de porter leur attention sur le l’orientation du regard d’autrui. De même, il est généralement compliqué pour une personne autiste d’orienter le regard des gens en pointant quelque chose du regard.

Selon la définition que nous avons pu apporter à cette théorie de l’esprit, celle-ci se révèlerait déficiente chez les individus atteints d’un TSA car il demeure complexe pour ces personnes de représenter les états mentaux d’autrui.

Une célèbre étude (Baron-Cohen et al., 1985) a effectivement montré que certains enfants  présentant un TSA ne parviennent pas à prédire qu’un enfant cherchera un objet à l’endroit où il l’a laissé, si celui-ci n’est pas au courant que l’objet à été déplacé. Entre autre, les individus atteints d’autisme auront tendance à croire que ce qu’ils savent, tout le monde le sait et à l’inverse que ce qu’ils ignorent, tout le monde l’ignore. Ce problème demeure un obstacle important dans l’élaboration des relations sociales.

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Les fonctions exécutives : Les fonctions exécutives, caractérisé par l’ensemble des fonctions intellectuelles impliquées dans le contrôle et la gestion des activités cognitives, est un niveau de fonctionnement très souvent en déficit chez des personnes ayant développé un TSA. Faisant appel à de nombreuses fonctions cognitives, elles sont représentées par l’ensemble des capacités cognitives requises pour s’adapter à des situations diverses, comme nous le montre ce schéma :

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On définit aujourd'hui plusieurs types de fonctions exécutives tels que la flexibilité, permettant de se désengager d’une tâche ou d’une action pour en passer à une autre, la planification qui permet d'organiser ses activité en buts et sous-buts, la mise à jour de la mémoire de travail, pour savoir où on en est dans l'activité, l'attention, grâce à laquelle  il est possible de maintenir ses efforts pour rester centrer sur ce que l'on est en train de faire et l’inhibition , permettant d’empêcher une réponse automatique qui ne serait pas ou plus adaptée à une situation donnée.

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Ainsi, un dysfonctionnement d’une ou plusieurs de ces fonctions aurait tendance à entraîner des complications dans le déroulement de la vie quotidienne, et explique justement la difficulté à s’adapter aux changements et planifier des activités.

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La détresse et l’anxiété provoquées seraient liés à un manque de flexibilité cognitive. Cela pourrait également expliquer les activités répétitives et stéréotypées, et en même temps apporter une explication aux problèmes d’adaptation sociale rencontrés par ces personnes, adaptation qui dépend de la capacité à ajuster les actions aux variations de l’environnement (Gillet & al, 2003).

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La perception de l’information sensorielle : Si la compréhension du langage peut s’avérer difficile dans l’autisme, le traitement de l’information de façon générale n’en n’est pas pour autant simplifiée. On note effectivement des déficits au niveau de la saisie et de l’intégration de l’information. Chez une personne lambda, l’arrivée d’informations sensorielles  (auditives, olfactives, tactiles ou visuelles) est traitée dans sa globalité, c'est-à-dire que celle-ci va faire le lien entre la modalité sensorielle d’entrée et les autres modalités sensorielles auxquelles elle est confrontée. Dans l’autisme, l’information est encodée sous forme brute sans réellement faire le lien avec les autres modalités.

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Cette perception particulière de l'information peut aussi entraîner des troubles de la cohérence centrale. En effet, focaliser son attention sur les détails entraînerait des difficultés d’abstraction et entraverait ainsi la mise en place d’une perception globale, perception qui permettrait de fournir du sens dans un contexte donné. Il a effectivement été montré que l’enfant autiste va donner une grande importance aux premiers détails, ce qui va rendre son environnement très instable. Par exemple, nous reconnaissons notre cuisine par une vision globale de celle-ci, qui comprend l’aspect général de la pièce (type de mobilier, disposition) tandis qu’une personne ayant développé un TSA aura peut être mémorisé la couleur de la nappe sur la table ou d’autres détails dans la pièce. De cette manière, le changement simple d’un de ces détails lui donnera une sensation étrangère.

Ce trouble de la cohérence centrale peut être mis en relation avec les grandes compétences que peuvent développer certaines personnes présentant un TSA. Une focalisation accentuée sur certains détails pourrait permettre d’expliquer le niveau d’expertise qu’ils peuvent atteindre dans certains domaines.

Cette « cohérence centrale » nous permet alors d’imaginer l’anxiété et les troubles liés au comportement qui vont être engendrés par des changements de l’environnement.

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Figure 1 : Schéma explicatif des mécanismes de la théorie de l'esprit

Figure 2 : schéma d'action des fonctions exécutives

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